Voilà, nous en avons fini avec la solitude. Et si, maintenant, nous parlions de l’imagination ?
L’imagination, qu’est-ce que c’est ? L’imagination est bien plus qu’un simple mot, bien plus qu’un terme inscrit dans la langue française.
C’est l’essence même de l’infini, le socle du possible, le tremplin de l’immensité.
C’est elle qui ouvre des portes là où il n’y avait que des murs. Elle trace des chemins là où il n’y avait qu’un désert. L’imagination ne se voit pas, elle se vit. Elle ne naît pas d’un hasard, elle surgit, s’élance, se déploie comme un faisceau lumineux venant du cœur de l’esprit.
L’imagination, c’est le Graal de la liberté. Elle relie nos envies à nos attentes, elle fait vibrer nos âmes, elle nous projette dans des mondes où tout devient possible. Dans l’imagination, le lecteur devient acteur, l’acteur devient metteur en scène, et ce dernier se transforme en réalisateur… tout cela en une fraction de seconde.
L’imagination est une force rapide, fluide, et invincible. Elle glisse là où aucun robot, aucune machine ne peut aller. Elle console les plus malheureux, fait rêver les plus sages et vibrer les plus audacieux. L’imagination inspire des vocations, elle donne naissance à l’art, à la peinture, à la littérature, à des mondes nouveaux. Elle est la source de la création du monde et de votre monde.
Votre monde n’est pas parfait ?Mais qui a dit qu’il devait l’être ? Qui a décrété qu’un monde parfait existait ou qu’un monde imparfait était la norme ? Personne. Car chacun crée sa propre réalité pendant que les autres regardent le film de leur vie.
Et justement, ce film, doit-il être parfait ? Non. Parce que la perfection n’existe pas, tout comme l’imagination ne connaît ni limite, ni norme.
Laissez-moi vous parler de mon histoire, de ce film intime que j’ai créé avec mon imagination. Quand j’étais enfant, j’étais souvent assis sur le banc blanc de ma grand-mère. Là, je rêvais. Je voulais tout : un vélo, un chien, une locomotive, une balançoire, une robe en soie… Oui, une robe en soie. À cette époque, les garçons ne pouvaient se déguiser en fille. C’était interdit, non conforme aux coutumes de la société.
Alors, sur ce banc, dans mon monde imaginaire, je jouais à être moi-même, à être celle que j’étais vraiment : une petite fille dans un corps de garçon.
Une petite fille aux longs cheveux blonds et bouclés, alors qu’on me rasait la tête chaque printemps sous prétexte que c’était la saison des poux.
Dans cet univers, j’étais libre. Libre d’être moi. Libre de m’inventer, de créer, de rêver. Dans mon imagination, je trouvais la clé de ma vérité. Je n’avais pas besoin de l’approbation du monde extérieur. C’était le seul endroit où “moi” était vraiment “moi”.
C’est pour cela qu’il est si difficile, voire impossible, de définir l’imagination. La définir, ce serait révéler nos secrets les plus intimes, les plus modestes, mais aussi les plus grandioses.
Et vous alors ? Quel est votre secret ? Quel est le sens de votre imagination ? Quel est ce Graal inavoué que vous gardez au fond de vous, ce trésor unique et précieux que seul votre cœur connaît ?
Angélique CHAPUIS

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